Volatilité des marchés : traverser la tempête en gardant le cap

Apr 16 / Jean-Sébastien Jutras Pl Fin
Depuis l'élection de Donald Trump en 2016 et l'imposition de tarifs douaniers, les marchés financiers ont connu une volatilité accrue. Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine ont particulièrement affecté le climat économique mondial. Au Canada, l'indice composé S&P/TSX a reflété ces incertitudes, avec des fluctuations notables.​
En décembre 2018, par exemple, le TSX a connu une baisse significative, marquant son pire mois de décembre depuis 1981. Les investisseurs canadiens ont alors été confrontés à des décisions difficiles, certains envisageant de se retirer du marché.

Les leçons des crises passées

L'histoire financière canadienne est jalonnée de crises qui, bien que différentes dans leurs causes, présentent des schémas similaires : une chute marquée suivie d'une reprise. Voici quelques exemples marquants :​

2000

L’éclatement de la bulle internet (krach des valeurs technologiques) après des valorisations astronomiques.

2008

La crise financière mondiale marquée par l’effondrement du système bancaire et du crédit, entraînant une chute de plus de 50 % des grands indices boursiers

2011

La crise de la dette souveraine en Europe, avec son lot de tensions politiques et économiques.

2020

La pandémie de COVID-19, une crise sanitaire inédite qui a mis l’économie mondiale à l’arrêt du jour au lendemain.
Ces exemples illustrent la résilience du marché canadien face aux chocs économiques.​

« Cette fois, c’est différent » : un piège classique

J’entends souvent cette petite phrase anxieuse : « Cette fois, c’est différent, on ne s’en sortira pas comme avant. » C’est humain de le penser lorsque nous sommes en pleine tempête. Pourtant, les vétérans de l’investissement nous mettent en garde : « Les mots les plus dangereux en investissement sont : “cette fois, c’est différent”. » – rappelait John Templeton, célèbre financier​. En d’autres termes, croire que les lois du marché ne s’appliquent plus peut coûter cher.
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À chaud, chaque crise semble unique et insurmontable. Mais avec du recul, on constate que le cycle continue. Après 2008, beaucoup pensaient que le système financier ne s’en remettrait jamais. Or, quelques années plus tard, les marchés avaient non seulement récupéré, mais atteint de nouveaux sommets : le Dow Jones, qui avait perdu plus de la moitié de sa valeur entre 2007 et 2009, est retourné à son niveau d’avant-crise en mars 2013, puis a continué de progresser au-delà. De même, en 2020, au plus fort de la pandémie, on craignait une dépression durable. Finalement, la reprise boursière a été fulgurante, le CAC 40 retrouvant ses niveaux d’avant COVID en environ un an.
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Alors oui, « cette fois » la crise actuelle (qu’elle soit liée aux tensions géopolitiques, à l’inflation, aux taux d’intérêt ou autre) a ses spécificités. Mais ce n’est pas la première fois que le marché affronte l’inconnu. À chaque krach, la cause diffère – bulle technologique, faillite de banques, pandémie mondiale, etc. – mais les résultats finaux se ressemblent : les investisseurs paniques qui vendent au plus bas regrettent généralement leur décision, tandis que ceux qui restent calmes et patients sont récompensés lorsque la tempête passe.

Rester investi et penser long terme

Face à la volatilité, la meilleure stratégie s’avère souvent la plus simple en apparence : rester investi et maintenir le cap sur vos objectifs de long terme. L’histoire boursière plaide clairement en faveur de la patience. Statistiquement, si vous investissez en actions sur une durée d’un an, vous avez presque autant de chances de perte que de gain – c’est quasiment du 50/50. En revanche, sur une horizon de 10 ans, les probabilités de gain sont largement en votre faveur​. En clair, plus l’horizon est long, plus les soubresauts à court terme s’estompent devant la tendance de fond, qui est à la croissance économique.
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Il est donc crucial de ne pas confondre volatilité à court terme et perte définitive. Une baisse de 10 % ou 20 % de votre portefeuille peut certes impressionner, mais ce n’est qu’une baisse sur le papier tant que vous n’avez pas vendu. Je sais qu’il est psychologiquement difficile de voir la valeur de ses placements fluctuer fortement. C’est pourquoi nous avons défini ensemble votre profil d’investisseur et votre tolérance au risque en amont. De plus, l'Autorité des marchés financiers (AMF) recommande de ne pas prendre de décisions hâtives en période de volatilité et de consulter un conseiller en services financiers pour ajuster sa stratégie si nécessaire. ​
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Non seulement il faut rester investi, mais si votre situation le permet, il peut être judicieux de continuer à investir régulièrement, y compris pendant les phases de baisse. Investir à intervalles réguliers, par exemple chaque mois ou chaque trimestre, est une approche gagnante sur le long terme : cela vous fait acheter plus de parts quand les marchés baissent (puisque les prix sont plus bas) et moins quand ils sont hauts​. Au final, vous abaissez votre coût d’achat moyen et profitez pleinement du rebond lorsqu’il se produit. En quelque sorte, les périodes de volatilité offrent des placements “en solde” pour l’investisseur de long terme. Ceux qui ont su réinvestir au creux de 2008 ou de 2020 s’en félicitent aujourd’hui. Warren Buffett aime dire que la bourse est le seul marché où les gens fuient les soldes au lieu d’en profiter – c’est une vérité qui devrait nous faire sourire et réfléchir.

Traverser les turbulences

En somme, ne laissez pas la volatilité de court terme saboter vos rêves de long terme. Chaque crise porte en elle les germes de la reprise à venir. Je reste à vos côtés pour naviguer sur cette mer agitée : nous garderons le cap, et quand le ciel s’éclaircira – car il finit toujours par s’éclaircir – vous serez heureux d’être resté pleinement investi et d’avoir continué à faire fructifier votre épargne malgré la tempête. C’est cette discipline et cette confiance qui, au bout du compte, feront toute la différence.