Vivre dignement en 2024 avec un revenu de 35 395$?

Aug 26 / Jean-Sébastien Jutras Pl Fin.
Une récente étude menée par l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) a révélé qu'une personne seule en 2024 devrait disposer d'un revenu annuel net de 35 395$ pour vivre dignement. Cependant, selon moi, cette notion de dignité devrait être remise en question, car dans un monde capitaliste, vivre décemment avec un tel revenu semble peu probable. Dans cet article, nous explorerons en détail les coûts de la vie quotidienne et analyserons si ce revenu est réellement suffisant pour vivre dignement. Il est important de comprendre que cet article ne vise pas à discréditer l’étude d'Iris. L’idée est plutôt de redéfinir le terme "vivre dignement".

Les revenus et les impôts

Au Québec, les impôts sont un aspect inévitable de la vie financière. Après avoir calculé les impôts fédéraux et provinciaux, ainsi que les charges sociales pour l'assurance emploi (AE) et le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), il y a également le régime des rentes du Québec. Toutefois, je n’aime pas lui donner le titre de « charge » puisqu’il s’agit d’un investissement que vous allez bien aimer à la retraite. Une fois le tout soustrait, le revenu net se situe autour de 35 395$ (Voir image ci-dessous).Il faut donc un salaire brut de 45 668$. Pour faire ce calcul, nous avons utilisé le site impot.net.
Avoir des revenus à ce seuil vous qualifiera pour certains crédits sociaux-fiscaux, notamment les crédits d'impôt pour la TPS et la solidarité. Le revenu disponible atteint environ 36 995$ une fois les crédits ajoutés, soit 3 083$ par mois.

Au Québec, deux crédits d'impôt importants sont proposés pour soutenir les individus et les familles à faible revenu : le crédit pour solidarité et le crédit pour la taxe sur les produits et services (TPS). Le crédit pour solidarité, introduit en 2011, fusionne trois anciens crédits pour mieux aider les ménages à faibles revenus à couvrir les taxes et les frais liés au logement. Ce crédit est versé mensuellement aux résidents éligibles en fonction de leur revenu, de leur situation familiale, et du lieu de résidence. D'autre part, le crédit pour la TPS, établi à l'échelle fédérale en 1990, vise à compenser la charge de la TPS/TVH pour les ménages à faible et moyen revenu. Ce crédit est aussi versé périodiquement et son montant varie selon le revenu familial annuel et la composition du foyer.

Les dépenses essentielles

Le loyer

Disons que pour notre exemple, l’individu est un habitant de la ville de Québec, où le loyer moyen dépasse désormais les 1000$. Le coût annuel du loyer s'élève donc à 12 000$. Trouver un logement abordable devient donc un défi majeur pour ceux qui cherchent à vivre dignement avec un revenu modeste. De plus, avec la crise du logement qui sévit dans de nombreuses régions, les options de logement abordable sont de plus en plus rares.

La voiture

Le coût moyen d'une voiture est estimé à 1300$ par mois selon un article paru sur Radio-Canada. Toutefois, pour maintenir un niveau de vie digne, nous réduirons ce coût à 1000$, ce qui représente un autre 12 000$ par an. Ce montant inclut non seulement les paiements mensuels pour la voiture elle-même, mais aussi les dépenses liées à l'essence, aux réparations et à l'assurance. Pour de nombreuses personnes, une voiture est un outil indispensable pour se rendre au travail ou pour effectuer des tâches quotidiennes, ce qui en fait une dépense incontournable, notamment à Québec où le transport en commun n’est pas à 10/10.

L'alimentation

Pour une alimentation saine au Canada, il est recommandé de prévoir environ 339$ par mois selon un article paru dans la Presse, soit 4068$ par an. Bien que cela puisse sembler être une somme considérable, il est important de ne pas compromettre la santé pour économiser de l'argent. De plus, les coûts des denrées alimentaires ont augmenté ces dernières années, ce qui rend difficile pour de nombreuses familles de se nourrir de manière adéquate avec un budget limité.

Les dépenses restantes

Après avoir couvert les dépenses essentielles, il reste environ 8 927$ pour d'autres dépenses telles que le stationnement au bureau, les vêtements et les loisirs. Pour vous donner une idée, j’ai des amis travaillant dans le Vieux-Québec et ils ont environ 150$ de frais de stationnement par mois.

Avons-nous oublié quelque chose?

Il est essentiel de prendre en compte la planification financière pour la retraite dès maintenant pour éviter de compromettre la possibilité de maintenir un niveau de vie décent une fois à la retraite. Considérons l'exemple d'une personne de 30 ans. Si elle ne fait aucun placement, elle pourrait se retrouver, à l'âge de 65 ans, avec un revenu net et indexé d'environ 25 000$ (en dollars courants) par an. Ce revenu comprendrait les contributions du Régime des rentes du Québec (RRQ) à 65 ans, de la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV) et du Supplément de revenu garanti (SRG). Ceci pourrait entraîner une diminution notable de son niveau de vie après la retraite.

Nous avons passé rapidement sur les loisirs, mais il est important de pouvoir se permettre quelques petits plaisirs dans la vie, même avec un budget limité.

Conclusion

En conclusion, bien que le revenu de 35 395$ puisse sembler adéquat à première vue, avec une analyse Google, on remarque qu'il est difficile de vivre réellement dignement avec un tel revenu dans un monde où les coûts de la vie continuent d'augmenter. Pour atteindre une véritable dignité financière, il est nécessaire de revoir nos priorités en matière de politiques économiques et de soutien social afin de garantir que chacun puisse mener une vie digne et épanouissante. Les gouvernements et les entreprises doivent travailler ensemble pour créer un environnement où il est possible de vivre confortablement sans avoir à sacrifier sa dignité.
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