Le CELI : un outil puissant, même avec de petits revenus
Depuis sa création en 2009, le Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) est devenu l’un des outils les plus flexibles et avantageux pour les Canadiens. Pourtant, une idée fausse circule encore largement : « Le CELI, c’est pour les riches. Je ne fais pas assez d’argent pour que ça vaille la peine. »
Cette perception empêche de nombreux Québécois à revenu modeste d’utiliser un outil qui pourrait réellement améliorer leur sécurité financière. En réalité, le CELI est particulièrement avantageux pour les contribuables avec un revenu faible ou moyen, précisément parce qu’il protège leur épargne sans compromettre leurs prestations sociales, tout en offrant flexibilité et croissance à l’abri de l’impôt.
1. Un régime fiscalement neutre et accessible à tous
Contrairement au REER, dont l’impact fiscal dépend de votre taux d’imposition, le CELI est toujours avantageux, peu importe votre revenu.
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Les cotisations ne sont pas déductibles, mais
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Les intérêts, dividendes et gains en capital ne sont jamais imposés, ni au moment du retrait, ni dans votre déclaration de revenus.
Cela veut dire que chaque dollar gagné dans un CELI vous revient entièrement, peu importe votre situation fiscale. Même une petite croissance produit un rendement net plus élevé qu’un compte imposable.
2. Pas besoin d’être riche pour cotiser au CELI
L’idée que le CELI est réservé à ceux qui épargnent 6 000 $ ou plus par année est fausse. Vous pouvez y cotiser 10 $, 50 $ ou 100 $ à la fois. Chaque petite cotisation vous donne droit à un abri fiscal perpétuel.
Et si vous ne cotisez pas une année, vos droits s’accumulent. En 2025, un adulte admissible depuis 2009 peut avoir jusqu’à 95 000 $ de droits inutilisés (si aucune cotisation n’a été faite). Cela signifie que même si vous commencez tard, vous pouvez rattraper le temps perdu.
Pour les personnes à revenu modeste, le CELI est encore plus précieux que le REER, car il n’affecte pas vos prestations gouvernementales.
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Les retraits du CELI ne sont pas considérés comme un revenu.
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Ils n’affectent pas le Supplément de revenu garanti (SRG), la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV), les allocations familiales ou les crédits d’impôt.
En comparaison, les retraits d’un REER ou d’un FERR peuvent réduire vos prestations, car ils augmentent votre revenu déclaré. C’est pourquoi l'IPF recommande fortement le CELI pour les ménages à revenus faibles ou modérés, notamment à la retraite.
Le CELI n’est pas qu’un outil pour la retraite. Il est aussi parfait pour :
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un fonds d’urgence (sans pénalité de retrait),
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épargner pour un projet (auto, voyage, mise de fonds),
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compléter vos revenus pendant une période sans emploi,
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investir à long terme (en bourse, via un CELI autogéré).
Et chaque montant retiré revient dans vos droits de cotisation dès l’année suivante. Autrement dit : vous ne perdez jamais d’espace.
Exemple :
Vous cotisez 100 $ par mois pendant 10 ans dans un CELI avec un rendement moyen de 5 %. Vous obtenez environ 15 500 $, libre d’impôt.
Dans un compte non enregistré, avec le même rendement et une imposition de 30 % sur les revenus, vous obtiendriez environ 13 500 $ net — soit 2 000 $ de moins.
Et plus votre horizon est long, plus l’avantage fiscal du CELI devient puissant.
Le CELI n’est pas réservé aux gens riches. Il est particulièrement bien adapté aux personnes à revenu modeste, car il combine accessibilité, protection fiscale, et préservation des prestations gouvernementales.
Ne pas en profiter parce qu’on croit « ne pas gagner assez » revient à se priver d’un outil gratuit et accessible, qui peut transformer lentement mais sûrement votre sécurité financière.
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Gouvernement du Canada, Compte d’épargne libre d’impôt (CELI)
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Retraite Québec, Impacts fiscaux des retraits REER vs CELI, 2022
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Statistique Canada, Utilisation du CELI selon le revenu, 2023