Cotiser au REER : un excellent réflexe… mais est-ce suffisant pour dire que tout est “correct” ?
Le Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est un pilier reconnu de la planification financière au Canada. Cotiser au REER, surtout de façon régulière et jusqu’au maximum permis, est un geste fiscalement intelligent et souvent rentable. Toutefois, croire que “tout est correct” simplement parce qu’on maximise son REER est une idée trompeuse.
La cotisation au REER est un outil, pas un plan. Bien qu’elle offre plusieurs avantages, elle ne garantit ni un revenu suffisant à la retraite, ni une optimisation fiscale globale, ni une protection contre tous les imprévus. Voyons pourquoi une planification complète est toujours nécessaire — même pour ceux qui maximisent leur REER.
1. Le REER : un outil puissant… mais avec des limites
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réduire votre revenu imposable maintenant ;
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faire croître vos placements à l’abri de l’impôt ;
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reporter l’impôt au moment du retrait (souvent à la retraite).
Mais il faut se rappeler que les retraits seront entièrement imposables, comme un revenu ordinaire. Cela veut dire que plus votre REER est élevé au moment de la retraite, plus vous risquez de payer beaucoup d’impôt lors du décaissement — surtout si vous n’avez pas de stratégie de retrait planifiée.
2. Un REER mal décaisser peut nuire à vos prestations
Le REER peut avoir un impact sur :
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la Pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV), récupérée à partir de 90 997 $ de revenu net en 2025 ;
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les crédits d’impôt pour aînés, qui diminuent à mesure que le revenu augmente ;
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le supplément de revenu garanti (SRG), pour les personnes à revenu modeste.
Un REER bien rempli mais mal décaisser peut faire perdre ces prestations et gonfler votre facture fiscale, ce qui réduit votre revenu net disponible.
C’est pourquoi le planificateur financier regarde le REER dans un contexte de décaissement global : il évalue l’ordre de retrait optimal entre le REER, le CELI, les revenus de pension, les placements non enregistrés, etc.
Cotiser au REER ne répond pas à ces questions :
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À quel âge pouvez-vous prendre votre retraite ?
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Quel sera votre revenu net après impôt, année par année ?
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Faut-il retarder la RRQ ou la PSV ?
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Devez-vous commencer des retraits avant 71 ans pour éviter de gros retraits obligatoires à partir du FERR ?
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Qu’arrive-t-il à votre REER au décès ? (Psst : il peut être entièrement imposé si vous n’avez pas de conjoint admissible.)
Sans un plan de retraite, un REER bien garni peut se transformer en grosse facture fiscale à long terme, ou en succession imposée à 53 %.
Beaucoup de gens maximisent leur REER… mais négligent leur CELI. Or, le CELI permet :
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une croissance à l’abri de l’impôt ;
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des retraits libres d’impôt, sans impact sur les prestations gouvernementales ;
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une souplesse précieuse en période de décaissement.
Maximiser un outil ≠ maximiser le plan global.
Faire un plan de retraite vous permet de :
- projeter vos revenus et dépenses jusqu’à 90 ou 95 ans ;
- identifier les meilleures stratégies fiscales de décaissement ;
- savoir si vous pouvez prendre votre retraite plus tôt ou dépenser davantage maintenant ;
- réduire l’incertitude et prendre des décisions financières alignées sur vos objectifs réels.
Cotiser au REER est une excellente habitude. Mais croire que cela suffit à assurer une retraite réussie est une illusion dangereusement confortable.
Un plan complet, personnalisé, qui tient compte de tous vos actifs, de votre fiscalité, de votre espérance de vie, de vos projets et de vos valeurs, est essentiel pour transformer votre épargne en liberté réelle.
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Retraite Québec, Planifiez votre retraite – RRQ, PSV et REER
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Gouvernement du Canada, FERR et seuils de récupération, 2024
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Statistique Canada, Revenus à la retraite des Canadiens, 2023