Réponse de pro

“Je veux tout mettre dans un CELI, c’est ce qui rapporte le plus.”

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« Objection courante : “Le CELI, c’est la meilleure option pour tout.” Voyez comment recadrer. »

Le CELI : un outil puissant… mais pas une stratégie en soi

Depuis sa création en 2009, le Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) est devenu l’un des véhicules d’épargne les plus appréciés des Canadiens. Avec raison : il est souple, accessible, fiscalement avantageux, et bien adapté à plusieurs objectifs. Il est donc fréquent d’entendre :

« Je veux tout mettre dans un CELI, c’est ce qui rapporte le plus. »

Mais cette affirmation, bien que compréhensible, repose souvent sur une confusion entre le véhicule et le rendement. Le CELI ne génère pas de rendement par lui-même. C’est ce que vous placez à l’intérieur qui détermine le rendement — pas le CELI en tant que tel.

1. Le CELI : un abri fiscal, pas un produit de placement

Un CELI est un compte enregistré, comme une enveloppe. Ce n’est pas un placement en soi, mais un contenant fiscal. À l’intérieur, vous pouvez détenir :
  • des actions ou des fonds, pour la croissance à long terme ;
  • des obligations, pour la stabilité ;
  • des certificats de placement garanti (CPG), pour la sécurité ;
  • ou… laisser l’argent liquide (ce qui ne rapporte presque rien).
Donc, le rendement dépend de ce que vous faites avec l’argent dans le CELI. Un CELI investi dans un FNB indiciel peut générer 6%- 7% par an ou plus. Un CELI laissé en épargne à 1,5 %… produira ce rendement, peu importe l’abri fiscal.

2. Pourquoi le CELI est si populaire ? Sa fiscalité.

Le principal avantage du CELI est sa fiscalité neutre :

  • les revenus de placement ne sont jamais imposés ;
  • les retraits sont libres d’impôt, peu importe leur montant ou leur moment ;
  • les retraits ne réduisent pas vos prestations gouvernementales (ex. : SRG, PSV, crédits d’impôt) ;
  • les droits de cotisation se récupèrent l’année suivante après un retrait.

Cela en fait un outil très utile, surtout pour les personnes :

  • à revenu faible ou moyen ;
  • qui veulent un accès souple à leur argent ;
  • qui ne veulent pas alourdir leur revenu imposable à la retraite.

3. Mais peut-on vraiment “tout mettre dans un CELI” ?

Non, pour deux raisons :

Les droits de cotisation sont limités. En 2025, le maximum cumulé pour une personne admissible depuis 2009 est de 95 000 $. On ne peut pas y mettre un million de dollars, à moins d’avoir généré ce rendement à l’intérieur du compte (ce que certains ont réussi, mais c’est l’exception).

Il y a d’autres outils complémentaires :

  • Le REER permet de réduire l’impôt aujourd’hui si vous êtes dans une tranche élevée.
  • Les comptes non enregistrés sont utiles quand les droits CELI/REER sont maximisés.
  • Pour les entrepreneurs, le compte d’entreprise ou la société de gestion peut être fiscalement plus efficace que le CELI pour certaines sommes.
  • Le CELIAPP est maintenant un excellent outil pour l’achat d’une première propriété.
Bref, vouloir tout mettre dans un CELI, c’est ignorer les autres options qui pourraient être encore plus rentables selon votre profil fiscal.

4. Le rendement dépend de la stratégie, pas du compte

Dire que « le CELI rapporte plus » revient souvent à dire que vous avez obtenu de bons rendements dans votre CELI — ce qui est une bonne nouvelle. Mais ce n’est pas le CELI en soi qui a produit ce rendement, c’est la stratégie que vous avez adoptée (ex. : Fonds diversifiés, croissance, dividendes, etc.).

Cette stratégie pourrait aussi être utilisée dans un REER, un compte d’entreprise ou un portefeuille non enregistré, selon vos objectifs.

Ce qui rapporte le plus, à long terme, c’est la cohérence de votre plan, pas seulement le choix du compte.

5. Le CELI est un outil, pas un plan complet

Un bon plan financier inclut souvent le CELI, mais aussi :
  • une stratégie de cotisation/décaissement entre REER et CELI ;
  • une réflexion sur le revenu de retraite net après impôt ;
  • l’intégration des prestations gouvernementales (RRQ, PSV, SRG) ;
  • une planification successorale si les actifs non enregistrés ou les assurances sont significatifs.
Vouloir tout mettre dans le CELI, c’est tout miser sur une case, quand on peut jouer toute la planche avec stratégie.

En conclusion

Le CELI est un outil brillant, souple et efficace. Il mérite une place dans presque tous les plans financiers.

Mais croire qu’il « rapporte plus que tout le reste », ou qu’on devrait « tout y mettre », c’est oublier que le rendement vient du placement, et la stratégie vient du plan.

La vraie question n’est pas :

« Est-ce que le CELI est meilleur ? »

Mais plutôt :

« Comment le CELI s’intègre-t-il dans une stratégie qui maximise ma liberté financière à long terme ? »

Sources :

  • Gouvernement du Canada, Compte d’épargne libre d’impôt (CELI)
  • Vanguard, Strategic use of TFSAs and RRSPs, 2022
  • Statistique Canada, Profil d’utilisation du CELI au Canada, 2023