Trop vieux pour prendre des risques… ou trop jeune pour que votre argent cesse de croître?
Il est naturel, à mesure que l’on vieillit, de ressentir le besoin de sécurité financière. Et c’est vrai : on ne gère pas un portefeuille à 70 ans comme on le fait à 35. Mais croire qu’on doit éliminer tout risque une fois retraité est une erreur qui pourrait mettre en danger la longévité de votre capital.
La véritable question n’est pas : « Suis-je trop vieux pour prendre des risques ? »
La vraie question est : « Est-ce que mes placements vont suffire pour couvrir 20, 25 ou même 30 ans de retraite? »
1. L’espérance de vie augmente… et le risque de vivre trop longtemps aussi
Selon Retraite Québec, un homme de 65 ans a 50 % de chances de vivre jusqu’à 84 ans, et une femme jusqu’à 87 ans. Mais 1 retraité sur 4 vivra au-delà de 90 ans.
Cela signifie que votre portefeuille doit être capable de :
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résister à 30 années de décaissement,
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continuer à générer du rendement après votre retraite,
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garder un pouvoir d’achat face à l’inflation.
👉 Si tout votre argent est placé dans des produits ultra sécuritaires (ex. : CPG ou comptes d’épargne), vous risquez d’en perdre en valeur réelle avec le temps.
2. Le risque principal n’est pas le marché… c’est l’inflation silencieuse
Beaucoup de retraités pensent que leur capital est « à l’abri » en évitant les marchés. Pourtant, l’inflation est un voleur discret.
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Un coût de la vie à 2,5 %/an coupe votre pouvoir d’achat de moitié en 28 ans.
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Si votre portefeuille génère 2 % net, vous perdez du terrain chaque année.
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Résultat : vous devrez piger davantage dans votre capital pour maintenir votre niveau de vie.
Ce qui semble prudent à court terme devient risqué à long terme.
Le risque n’est pas binaire (risqué / pas risqué). Il est gradué et doit être personnalisé :
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À 70 ans, si vous êtes en bonne santé et avez peu de besoins immédiats, votre horizon de placement peut encore être de 15 à 20 ans.
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Ce qui veut dire que vous devez continuer à faire croître une portion de vos actifs, sinon vous les verrez s’éroder.
Exemple : un portefeuille 60 % obligations / 40 % actions peut offrir stabilité et croissance, tout en évitant la volatilité extrême.
Une erreur fréquente : croire que la retraite marque la fin des placements. En réalité, la majorité des gens ne consomment pas tout leur capital d’un seul coup. Ils :
- retirent progressivement des montants chaque année ;
- laissent le reste continuer à fructifier ;
- ajustent leurs retraits selon les marchés.
Cette stratégie — appelée « décaissement dynamique » — nécessite encore un minimum de rendement, donc un minimum de risque contrôlé.
Un bon planificateur ne vous dira pas de « tout mettre en Bourse » à 75 ans. Mais il vous aidera à :
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identifier votre seuil de confort (tolérance au risque),
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segmenter vos actifs selon l’horizon temporel (court, moyen, long terme),
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créer un revenu de retraite stable sans sacrifier la croissance future.
Exemple concret :
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1 an de dépenses dans un compte épargne (risque zéro)
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4 à 5 ans de revenus dans des obligations ou placements à faible risque
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Le reste dans des placements diversifiés, pour générer du rendement à long terme
Résultat : vous pouvez dormir sur vos deux oreilles, sans compromettre votre avenir financier.
Il n’y a pas d’âge pour investir intelligemment.
Et vouloir tout sécuriser après un certain âge peut sembler sage, mais cela vous expose à un autre danger : celui de voir votre argent s’épuiser trop vite.
Le but n’est pas de « prendre des risques » par témérité, mais de maîtriser le bon niveau de risque pour votre réalité.
Mieux vaut un portefeuille bien calibré qu’un compte épargne qui fond à vue d’œil.
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Retraite Québec, Espérance de vie 2024
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IQPF, Décaissement à la retraite, 2023
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Institut sur la retraite et l’épargne, HEC Montréal
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Morningstar, Impact of Inflation on Retirement Portfolios, 2022