Réponse de pro

“Le REER c’est une arnaque inventée par le gouvernement.”

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« “Je fais pas confiance au REER, c’est pour mieux me taxer après.” Voici une réponse qui remet les faits au clair. »

Le REER : arnaque ou outil fiscal mal compris?

Dans certains cercles, on entend dire :

« Le REER, c’est une arnaque. Le gouvernement vous donne d’un côté, mais il reprend tout à la retraite. »

Cette perception vient souvent d’une mauvaise compréhension du fonctionnement du Régime enregistré d’épargne-retraite (REER). En réalité, le REER est l’un des outils fiscaux les plus puissants offerts aux Canadiens — non pas pour les piéger, mais pour les inciter à épargner en vue de leur retraite.

1. Ce qu’est réellement le REER

Le REER est un régime enregistré créé par le gouvernement fédéral en 1957. Il permet aux Canadiens de :
  • reporter l’impôt sur le revenu jusqu’au moment du retrait ;
  • faire croître leur épargne à l’abri de l’impôt pendant des décennies ;
  • réduire leur revenu imposable immédiatement grâce à des déductions ;
  • optimiser leur revenu de retraite en retirant l’argent à un taux d’imposition souvent plus faible.
Ce n’est pas un “cadeau” du gouvernement, mais un outil de planification fiscale conçu pour encourager l’épargne à long terme.

Source : Agence du revenu du Canada (ARC), Régime enregistré d’épargne-retraite (REER), 2024

2. « Le gouvernement reprend tout » : faux. Il applique l’impôt normal

Certains disent que le REER est une arnaque parce que les retraits sont imposés. C’est vrai… mais c’est normal, car vous n’avez pas payé d’impôt au moment de cotiser.

Exemple simplifié :
  • Vous gagnez 60 000 $ par année.
  • Vous cotisez 5 000 $ au REER →votre revenu imposable devient 55 000 $.
  • Vous obtenez un retour d’impôt d’environ 1 500 $ (selon votre taux marginal).
  • Ce 5 000 $ fructifie pendant 20 ans.
  • À la retraite, vous retirez ce montant — avec croissance — à un taux d’imposition généralement plus bas (ex. : 20 % au lieu de 35 % pendant votre vie active).
Vous payez de l’impôt une seule fois, mais à un moment plus avantageux. Vous gardez donc une plus grande part de votre argent.

3. L’avantage réel : des décennies de croissance à l’abri de l’impôt

La vraie puissance du REER, ce n’est pas juste l’économie d’impôt immédiate. C’est la croissance composée non imposée pendant 10, 20 ou 30 ans.

Exemple :

  • Vous investissez 10 000 $ dans un REER à 6 % de rendement annuel.
  • En 25 ans, ça devient plus de 43 000 $, sans jamais payer un sou d’impôt pendant la croissance.

Dans un compte non enregistré, vous auriez payé de l’impôt chaque année sur les gains.

Cela aurait réduit votre rendement net de 1 à 2 % par année, soit des milliers de dollars en moins à long terme.

4. Le REER est particulièrement avantageux pour les gens à revenus moyens et élevés

Plus votre taux marginal d’imposition est élevé aujourd’hui, plus la déduction REER est intéressante.

Mais ce n’est pas un outil « pour les riches » :

  • Un travailleur à 50 000 $ peut cotiser 3 000 $ au REER
  • Il récupère 900 $ d’impôt
  • Il peut réinvestir ce montant dans un CELI, créant ainsi un effet multiplicateur

Le REER n’est pas une arnaque : c’est un report fiscal.

Vous gagnez à condition de faire une planification intelligente du moment du retrait.

5. Ceux qui se sentent floués ont souvent mal utilisé le REER

Les rares cas où les gens disent : « Le REER m’a nui », sont souvent ceux où :
  • ils ont retiré des sommes avant la retraite, à des taux d’imposition élevés ;
  • ils n’ont pas coordonné leur REER avec les autres sources de revenu (ex. : pension, PSV, RRQ), causant des retraits imposables mal planifiés ;
  • ils ont surcotisé sans comprendre leur plafond, générant des pénalités
Avec un bon planificateur, ces erreurs sont 100 % évitables.

En conclusion

Le REER n’est pas une ruse gouvernementale.

C’est un outil fiscal neutre, qui récompense l’épargne disciplinée et la planification à long terme.

Oui, il faut payer de l’impôt un jour.

Mais le REER vous permet de choisir quand et comment, souvent à votre avantage.

Plutôt que de l’éviter par méfiance, mieux vaut l’utiliser stratégiquement — et intelligemment.

Sources :

  • Agence du revenu du Canada (ARC), REER 2024 – Guide et cotisations
  • Retraite Québec, Comprendre les outils d’épargne-retraite
  • Institut québécois de planification financière (IQPF), Planification fiscale et décaissement, 2023
  • Morningstar, Tax-Sheltered Investing in Canada, 2022