Les fonds de placement : au-delà des frais, comprendre la valeur réelle
Dans le discours populaire, les fonds de placement — qu’ils soient communs ou négociés en bourse — traînent souvent une réputation peu flatteuse : « Ce sont juste des frais cachés. » Cette perception vient parfois d’expériences mal expliquées ou de conseils mal alignés avec les intérêts du client. Pourtant, cette affirmation, bien qu’elle puisse contenir une part de vérité dans certains cas extrêmes, simplifie à outrance un sujet complexe.
Un fonds de placement, comme tout véhicule financier, a des coûts… mais il offre aussi des avantages importants : diversification, gestion professionnelle, accessibilité, stratégie long terme. La vraie question n’est donc pas « Y a-t-il des frais ? », mais « Quelle est la valeur ajoutée obtenue en échange des frais ? »
1. Comprendre les types de frais dans les fonds
Oui, les fonds de placement comportent des frais. Mais ceux-ci ne sont ni secrets ni cachés : ils sont publiés dans tous les documents réglementaires, accessibles aux investisseurs.
Le principal frais est le ratio de frais de gestion (RFG ou MER en anglais), qui couvre :
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la gestion professionnelle du portefeuille,
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les frais d’administration (tenue de livres, audit, conformité),
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les services aux investisseurs (relevés, service à la clientèle),
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parfois la rémunération du conseiller.
Ce ratio est exprimé en pourcentage annuel. Par exemple, un RFG de 1,8 % signifie que le fonds prélève 18 $ par année pour chaque tranche de 1 000 $ investis. Ce montant est déjà intégré dans le rendement net affiché du fonds — il n’y a donc aucune surprise ou facture additionnelle.
Depuis 2016, avec la réforme canadienne MRCC2 (Modèle de relation client-conseiller – phase 2), les institutions doivent divulguer clairement tous les frais dans les relevés annuels, incluant les commissions et frais de gestion. Parler de « frais cachés » est donc inexact aujourd’hui.
2. Comparer ce qui est comparable
Beaucoup de gens comparent un fonds commun de placement avec un RFG de 2 % à un fonds négocié en bourse (FNB) avec des frais de 0,25 %, en concluant que le premier est un vol.
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le FNB n’offre aucun accompagnement-conseil,
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l’investisseur est laissé seul pour bâtir, rééquilibrer et ajuster son portefeuille,
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il ne reçoit aucun service personnalisé.
Un fonds commun distribué par un conseiller inclut généralement un service complet : planification financière, suivi, accompagnement fiscal, soutien émotionnel en période de volatilité. Ces services ont une valeur monétaire réelle.
D’ailleurs, selon l’Institut de planification financière (IQPF), les Canadiens qui travaillent avec un conseiller accumulent jusqu’à 3,9 fois plus d’actifs à long terme que ceux qui investissent seuls (IQPF, L’impact du conseil financier, 2017).
Certains investisseurs reprochent aux fonds communs de ne pas toujours battre les indices de référence. C’est vrai : la gestion active n’est pas toujours gagnante, et la transparence de performance est essentielle.
Mais certains gestionnaires parviennent à générer de l’alpha, c’est-à-dire un rendement supérieur à l’indice, notamment dans :
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les marchés moins efficients (obligations corporatives, actions internationales),
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les périodes de volatilité,
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les stratégies spécialisées (dividendes, revenu, gestion fiscale).
Un bon conseiller ou un bon cabinet ne vous recommande pas un fonds au hasard : il sélectionne des produits alignés avec votre profil, vos objectifs et votre horizon, tout en évaluant leur performance après frais.
Les études comportementales montrent que les investisseurs non accompagnés obtiennent souvent de moins bons résultats, non pas à cause des frais, mais en raison de mauvaises décisions :
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achats impulsifs en période euphorique,
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ventes paniquées en période de crise,
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absence de rééquilibrage,
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erreurs fiscales coûteuses (ex. : vente dans un compte imposable à court terme).
Les frais des fonds de placement ne sont ni cachés ni systématiquement exagérés. Ils doivent être mis en relation avec la qualité du service, la gestion, la planification et le soutien offerts. La question n’est pas seulement ce que vous payez, mais ce que vous obtenez en retour.
Un bon fonds, judicieusement sélectionné et intégré dans une stratégie personnalisée, vaut largement ses frais. L’erreur serait de croire qu’investir seul, sans erreur, sans émotion et sans plan, est gratuit.
Penser que l’on est « trop jeune » pour une assurance vie, c’est oublier qu’il s’agit d’un des rares produits financiers dont on ne peut plus se prévaloir une fois qu’on en a besoin. Comme l’écrivait Benjamin Franklin : “Un investissement dans la connaissance paie toujours les meilleurs intérêts.” Dans ce cas-ci, un investissement dans la prévoyance peut en faire tout autant.
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Vanguard, Putting a Value on Your Value: Advisor’s Alpha, 2020
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Autorité des marchés financiers (AMF), Comprendre les frais de placement, 2023
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Gouvernement du Canada, Réforme MRCC2 – transparence des frais, 2016