Réponse de pro

“À la retraite, je garde 2 ou 3 conseillers… je vous mets en compétition.”

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« “Je vous garde en compétition, comme ça j’ai le meilleur.” Voici une réponse qui valorise la cohérence dans la planification. »

Avoir plusieurs conseillers à la retraite : une bonne idée ou une fausse sécurité?

L’idée d’avoir deux ou trois conseillers financiers à la retraite peut sembler judicieuse pour certaines personnes. La logique est simple : en mettant les professionnels en « compétition », on croit bénéficier de meilleures recommandations, de meilleurs rendements et de plus de vigilance. Mais en réalité, cette stratégie comporte plusieurs pièges qui peuvent nuire à la cohérence du plan financier global, à l’optimisation fiscale, et même à la tranquillité d’esprit du retraité.

La retraite : un moment où la cohérence est essentielle

Contrairement à la période d’accumulation où l’objectif principal est de faire croître l’actif, la retraite est une phase de décaissement. À ce stade, chaque retrait, chaque impôt, chaque transfert a des conséquences interconnectées. Il devient donc impératif de :
  • Planifier les retraits en fonction de l’impôt marginal;
  • Coordonner les sources de revenus (RRQ, pension, REER, CELI, FERR, revenus de location, etc.);
  • Maintenir un revenu net stable;
  • Gérer les risques de longévité, de marché et de santé;
  • Optimiser la succession.
Ce travail de coordination repose sur une vision globale du patrimoine et des flux de trésorerie. Lorsqu’on travaille avec plusieurs conseillers de façon indépendante, aucun n’a la vue complète. Chacun prend des décisions dans son silo, ce qui peut entraîner des incohérences : retraits simultanés de plusieurs comptes, duplication de placements, stratégies fiscales inefficaces, ou encore conflits de recommandations.

La redondance et la perte d’efficacité

Avoir plusieurs conseillers peut créer une fausse impression de diversification ou de sécurité. Mais en réalité, cela augmente souvent la redondance. Par exemple, plusieurs conseillers pourraient investir dans des fonds semblables (actions canadiennes, obligations corporatives, etc.), créant ainsi un portefeuille concentré sans le savoir. Cela réduit l’efficacité de la diversification et augmente les frais de gestion globaux.

De plus, chacun tentera naturellement de « prouver » sa valeur avec des suggestions différentes, parfois contradictoires, ce qui peut semer la confusion chez le client. Plutôt que de créer une saine compétition, cette approche engendre du stress décisionnel.

L’impact fiscal d’un manque de coordination

L’un des rôles clés d’un conseiller en retraite est de bâtir une stratégie fiscale à long terme. Cela inclut :

  • La conversion optimale des REER en FERR;
  • Le fractionnement de revenu entre conjoints;
  • L’utilisation stratégique du CELI;
  • Le report de la RRQ ou de la pension;
  • L’évitement de la récupération de la pension de la Sécurité de la vieillesse.

Pour y parvenir, une analyse intégrée de tous les comptes et de tous les revenus est nécessaire. Si vous avez trois conseillers et qu’aucun ne voit la globalité de votre situation, vous risquez de faire des retraits sous-optimaux, de subir des impôts inutiles ou de rater des opportunités de planification successorale.

La relation de confiance et de responsabilité

Enfin, une planification efficace à la retraite repose sur une relation solide et continue avec un professionnel de confiance. Avoir un seul conseiller principal permet d’établir une responsabilité claire, une continuité dans les conseils et une meilleure connaissance de vos objectifs, de vos valeurs et de vos préférences.

Cela ne signifie pas que vous devez être passif ou aveugle. Au contraire, un bon conseiller vous encouragera à poser des questions, à comprendre vos choix et à valider les stratégies proposées. Il est aussi possible de faire valider certaines décisions ponctuelles par un second professionnel, comme un fiscaliste ou un notaire, sans dupliquer les mandats.

Conclusion

La retraite est une période où la clarté, la cohérence et la coordination sont plus importantes que la compétition entre conseillers. Multiplier les intervenants sans centraliser l’information peut nuire gravement à la réussite de votre retraite. Plutôt que de chercher à diviser la gestion, choisissez un professionnel compétent, transparent et à l’écoute, avec qui bâtir une relation durable et intégrée.

Sources :

  • Vanguard – « Advisor’s Alpha »
    https://advisors.vanguard.com/insights/article/advisorsalpha
  • Autorité des marchés financiers (AMF) – « Comment choisir un professionnel en finances personnelles »
    https://lautorite.qc.ca
  • Normandin Beaudry – « Retraite : maximiser vos revenus grâce à la planification du décaissement »
    https://www.normandin-beaudry.ca
  • Financial Consumer Agency of Canada – « Working with a financial advisor » 
    https://www.canada.ca/en/financial-consumer-agency/services/financial-advisors.html