Aimer son travail n’élimine pas le besoin de planifier sa retraite
« Je ne prendrai jamais ma retraite, j’aime trop mon travail. »
C’est une phrase qu’on entend de plus en plus souvent, et elle est porteuse d’un message positif. Travailler dans un domaine qui nous passionne, se sentir utile, engagé, motivé par ses activités professionnelles — c’est une richesse que plusieurs cherchent toute leur vie. Cependant, cette déclaration, aussi sincère soit-elle, peut aussi masquer une absence de préparation pour une réalité incontournable : un jour, que ce soit par choix ou par contrainte, nous devrons ralentir… ou arrêter.
Planifier sa retraite ne signifie pas cesser de travailler dès 60 ans. Cela signifie avoir des options, peu importe ce que la vie nous réserve.
Le travail comme source de sens… jusqu’à quand?
Nombreux sont ceux qui trouvent dans leur emploi bien plus qu’un revenu : ils y trouvent un rôle, une communauté, un sentiment d’accomplissement. Et il est vrai que continuer de travailler peut avoir des effets bénéfiques sur la santé mentale et le bien-être, notamment pour prévenir l’isolement ou garder une structure quotidienne.
Mais même les plus passionnés ne sont pas à l’abri de limitations physiques ou cognitives. Un diagnostic de santé, une blessure, une perte d’énergie, ou simplement l’usure du temps peuvent forcer une transition que l’on n’a pas choisie. Un proche peut aussi devenir dépendant, nécessitant qu’on devienne aidant. Ces situations, bien réelles, montrent pourquoi il est risqué de ne compter que sur notre capacité à continuer de travailler.
Aimer son travail, c’est aussi se donner la liberté d’y rester… ou d’en sortir
En planifiant une retraite, on ne signe pas une promesse de tout arrêter. On construit une base financière qui nous permettra, le moment venu :
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de réduire nos heures sans stress;
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de dire non à des mandats qui ne nous conviennent plus;
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de changer de carrière ou de domaine;
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ou de quitter le marché du travail avec dignité si le corps ou la tête ne suivent plus.
Un plan de retraite est donc un outil de liberté, pas une contrainte. Il permet de transformer le travail en choix plutôt qu’en obligation.
Même ceux qui adorent leur emploi peuvent, s’ils ne planifient pas, se retrouver plus tard dans une position précaire. Sans épargne suffisante, plusieurs doivent continuer de travailler par obligation, et non par passion. Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité (2022), plus de 22 % des Canadiens de 65 ans et plus vivent avec une incapacité limitant leurs activités quotidiennes. Et selon Statistique Canada, l'espérance de vie en santé, bien qu'en progression, n’est pas illimitée.
Par ailleurs, si aucun revenu de retraite n’est planifié, le fardeau financier peut tomber sur le conjoint ou les enfants, créant des tensions qu’on aurait pu éviter.
Planifier sa retraite, ce n’est pas nécessairement épargner des millions. C’est d’abord faire un portrait de sa situation :
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Quels seront vos besoins de base?
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Avez-vous accès à un régime de retraite?
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Quelles sont vos sources de revenu garanties (RRQ, PSV)?
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Quel est votre niveau d’épargne actuel?
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Quels sont vos projets, vos rêves, vos marges de manœuvre?
Avec ce portrait, un planificateur financier peut vous aider à créer un plan flexible, qui tient compte de vos préférences et de vos valeurs, tout en assurant une protection contre les imprévus.
Aimer son travail est un privilège. Mais ce n’est pas une stratégie de retraite. Ce que nous contrôlons aujourd’hui — notre santé, notre emploi, notre énergie — peut changer du jour au lendemain. Planifier sa retraite, c’est reconnaître que nous sommes humains, vulnérables, et que préparer demain ne diminue en rien le plaisir d’aujourd’hui. C’est même ce qui nous permet, à long terme, de continuer à choisir notre rythme de vie… au lieu de le subir.